Eva Zaïcik

 

« Je préfère chanter que parler », prévient la jeune mezzo françaiseEva Zaïcikqui tient le rôle de Sélysette dans Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas au Capitole de Toulouse à partir du 4 avril 2019. Celle que nombre de jurys ont distinguée et dont le calendrier depuis 10 ans est rempli d’engagements divers, se prête de bonne grâce au jeu de l’entretien qu’elle vit comme un moment de discussion et de partage en effet heureusement … partagé. 


Deuxième place au Concours Reine Elisabeth 2018 (José Van Dam, Ann Murray, Christophe Prégardien figuraient dans le jury), révélation Classique de l’ADAMI en 2016, révélation Artiste lyrique aux Victoires de la Musique 2018. Ce qui frappe d’abord c’est le nombre de distinctions que vous avez glanées. Quels sentiments avez-vous éprouvés lors de ces participations à des concours aussi prestigieux et pour toutes ces reconnaissances ? 

A la fois encouragement et reconnaissance. Ce sont des événements très importants dans la vie d’un jeune artiste. Cela n’a pourtant jamais été une priorité de passer des concours. Le Reine Elisabeth est le seul concours qui m’intéressait vraiment, car il permettait de montrer une personnalité artistique complète, autant de l’opéra que du lied, de la mélodie, de l’oratorio, de la musique baroque. Le Concours Voix Nouvelles en février 2018 qui était pour moi une préparation au Concours Reine Elisabeth était en fait le premier. Cela a été très difficile psychologiquement. En tant qu’artiste c’est très stressant et éprouvant de se mettre en position d’être jugé. 

Pourtant un artiste est aussi jugé par le public…

J’essaie de me dire que je ne suis pas jugée. Je viens pour transmettre un texte, une musique, une émotion. Si chaque fois que je monte sur scène, je me disais que je vais être jugée, je n’irais pas, je pense. 

Votre carrière professionnelle a commencé en 2009. On est impressionné par le nombre et la qualité de vos participations à des projets musicaux. D’où sont nées ces rencontres ? 

Ces rencontres ont jalonné mon évolution musicale, tout naturellement et sans interruption. J’ai découvert le lyrique très tard et me destinais d’ailleurs à la médecine. J’ai chanté dans une chorale lorsque j’étais jeune, mais l’on chantait autant du Bach que les Beatles. 
J’ai aussi chanté dans un groupe de rock toute mon adolescence, et c’est d’ailleurs à l’issue d’un concert que la mère d’un membre du groupe m’a dit que j’avais une belle voix et que je devrais la travailler, ce que j’ai fait au Conservatoire de ma ville. Mais pour m’investir complètement dans mes études de médecine, je me suis arrêtée un an de chanter. Résultat : j’étais en quasi dépression et je me suis rendu compte que, même si la médecine était une passion, la musique, le chant étaient vitaux pour moi, essentiels à ma vie. Mon professeur de chant m’a alors conseillé de m’inscrire à la Maitrise de Notre-Dame de Paris. Une fois l’appréhension d’une vie de « saltimbanque » pour leur fille passée, mes parents m’ont beaucoup soutenue dans cette réorientation. 
J’avais vingt ans et je ne savais pas lire une note de musique. J’ai passé trois, quatre ans dans cette institution qui brasse toute l’histoire de la musique classique, du médiéval au contemporain, et m’y suis d’abord découvert un amour pour la musique ancienne. J’ai rapidement commencé à travailler professionnellement avec des ensembles de musique médiévale et de Renaissance comme Ludus Modalis. Membre du chœur de Notre-Dame de Paris, j’avais d’emblée décidé que je voulais être choriste de métier. Être baignée dans les sons, faire de la musique avec et au milieu d’autres chanteurs, mêler sa voix à un pupitre, être au chœur d’une harmonie, c’est une expérience extraordinaire, galvanisante. 
A 23 ans, comme c’était la dernière année que je pouvais concourir pour l’entrée au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, je l’ai passé et à ma grande surprise, j’ai été reçue. J’avais entendu beaucoup de choses négatives sur le Conservatoire et y allais avec peu d’enthousiasme. 
Mais dès la première semaine de cours, je me suis rendue compte qu’à l’opposé des idées reçues, c’était un vivier de talents extraordinaires, une formation de luxe, avec les meilleurs professeurs, les meilleures conditions de travail. Et j’ai passé sept années magnifiques. J’ai même fait un Doctorat…

Sur quoi ?

Sur les Passions de l’Âme, avec de la cantate française toujours accompagnée par le Consort (1) que j’ai mis en scène, en geste, avec éclairage à la bougie, avec la comédienne et metteuse en scène Léna Rondé (disciple de Benjamin Lazar). J’espère d’ailleurs que ce spectacle intéressera des organisateurs. 
En entrant au CNSMDP, j’ai découvert le lied, la mélodie et l’opéra. La musique vocale soliste donc, que je n’avais jusqu’alors jamais expérimentée ; et je suis tombée en amour pour cette forme. Il me manquait encore l’aspect théâtral que j’ai découvert à cette occasion…

EvaZaïcik


Mais ce parcours ne me dit pas comment vous avez rencontré Vincent Dumestre, Christophe Rousset, Hervé Niquet et ceux avec lesquels vous avez très vite travaillé. 

Le Poème Harmonique est un des premiers ensembles que j’ai écoutés quand j’ai découvert à 19 ans la musique ancienne. Vincent Dumestre est venu m’entendre dans un concert que je faisais avec Leonardo Garcia Alarcon. J’avais aussi rencontré à cette occasion le claveciniste Justin Taylor (1). Vincent Dumestre m’a proposé d’entamer une collaboration avec lui qui se prolonge depuis plusieurs années, puisque juste après la dernière d’Ariane, je serai à Versailles avec lui pour le Stabat Mater de Pergolesi. Nous avons beaucoup d’autres projets ensemble. L’année prochaine par exemple, nous serons, à Gaveau, et au Palais Farnese à Rome, pour fêter les 20 ans du Poème Harmonique, reprenant en parti le programme de leur premier disque. Ensuite, nous enregistrerons Cadmus et Hermione de Lully. J’ai commencé à travailler avec Hervé Niquet, dans l’ensemble vocal du Concert Spirituel. Et puis la carrière s’est construite de l’un à l’autre.

Depuis 10 ans, en fait vous n’arrêtez pas. 

Non, je n’arrête pas. Et c’est de plus en plus beau. 

Votre répertoire est d’une diversité et d’une ampleur extraordinaires. De Monteverdi, Purcell à Betsy Jolas. 

Même du XI° siècle à partir d’Hildegarde Von Bingen !

Une telle variété est rare, surtout pour une « baroqueuse ». 

Je ne me définirais pas comme « baroqueuse », je trouve cela réducteur. C’est assurément mon premier amour et c’est dans ce répertoire que j’ai appris la musique et à développer ma personnalité artistique. Mais je n’ai jamais voulu être dans une case, et ne faire que cela. La découverte d’autres répertoires m’a fait m’y plonger tout entière, autant que je l’avais fait pour la musique baroque. Je pense que si l’on a une technique vocale saine, on peut chanter tous les répertoires… dans les limites de ce que votre voix permet, bien entendu. 

J’ai lu que votre choc musical initial avait été la Passion selon Matthieu de Bach. Vous aviez quel âge ? 

J’avais quatre ou cinq ans, dans la chorale d’enfants de ma ville. Nous avions donné un concert avec des extraits de la Passion. Cela a été un véritable choc. Ce ne devait pas être d’une très grande qualité, car tout le monde était amateur, de l’orchestre, au chœur et aux solistes. Mais l’expérience était magnifique, et la musique magique. C’est grâce à des petites structures comme celles-ci que des vocations naissent, c’est tellement important de conserver ces écoles de musique. 
Mais mon premier souvenir musical, remonte encore avant. Je me souviens que j’écoutais mon frère répéter au violon les Partitas, et au piano les Toccata et Fugues de Bach. 
Dans ma famille, on écoutait aussi beaucoup de musique, de Bobby Lapointe, à Brel et les Pink Floyd en passant par Ella Fitzgerald, et le jazz instrumental, beaucoup de jazz. J’entendais aussi souvent jouer du Chopin au piano. Mais finalement assez peu de musique vocale classique. J’étais donc environnée par les sons, mais je n’avais par exemple jamais été ou entendu le moindre opéra, avant mes 18 ans. Et le premier que mes parents m’ont emmenée voir était Lucia di Lammermoor avec Nathalie Dessay. Ça m’avait vraiment remuée à l’époque, mais le coup de foudre avec le genre n’est arrivé que bien plus tard. Il n’y avait aucun musicien professionnel dans ma famille ou mon entourage et personne ne m’y a poussée, car nul n’imaginait que c’était un métier.

Vous n’avez pas fait référence dans votre parcours, à l’Atelier lyrique et à la Fondation de Royaumont. 

Je n’ai pas été membre de l’Atelier lyrique de Bastille (désormais Académie de l’Opéra de Paris). J’y ai été invitée lors de la deuxième année de CNSM, pour chanter Ernesto dans la production Il Mondo della luna de Haydn. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai rencontré Andreea Soare qui chante Mélisande dans l’Ariane et Barbe-Bleue du Capitole. Je ne l’ai pas intégré par la suite car je souhaitais terminer mon cursus au Conservatoire de Paris où le niveau d’enseignement et les opportunités professionnelles sont au moins équivalentes, et je m’y sentais bien et épanouie. 
A la Fondation Royaumont, j’ai participé à plusieurs formations, notamment avec René Jacobs. J’ai chanté le Couronnement de Poppée (Ottavia), l’Orfeo de Monteverdi (La Messagère et l’Espérance) et les Noces de Figaro (Chérubino)

Vous retrouvez à Toulouse Janina Baechle qui a été votre professeur. Dans quelle circonstance s’est faite cette rencontre ? 

Oui, elle est venue au Conservatoire de Paris faire des master classes passionnantes et j’ai travaillé avec elle les Kindertotenlieder de Mahler, œuvre que j’ai enregistrée il y a 2 ans d’ailleurs, et dont la parution est prévue pour 2020. 

Quelles seraient les interprètes d’hier ou d’aujourd’hui qui pourraient être des références pour vous ?

J’ai beaucoup d’inspirations de mezzo. Notamment Lorraine Hunt, Christa Ludwig, Elina Garanca, Anita Rachvelishvili, Joyce Di Donato et Brigitte Fassbaender. Je voudrais dire aussi la chance que j’ai de partager la scène avec Sophie Koch. C’est une immense chanteuse qui est au sommet de son art. Ariane est un rôle astronomique, gigantesque et malgré cela elle sait rester très ouverte et est toujours bienveillante à l’égard de tout le monde. Je suis très admirative de son métier. 

Vous voici à Toulouse pour chanter le rôle de Sélysette dans le trop rare Ariane et Barbe-Bleue de Dukas avec Sophie Koch donc, dans une mise en scène de Stefano Poda. Connaissiez-vous cette partition ? 

Absolument pas. Christophe Ghristi était au jury de mon Master au CNSMDP il y a trois ans. A l’issue de la représentation, il m’a proposé le rôle. J’avais construit un spectacle très éclectique, avec des rôles très tourmentés. Il a dû se dire que je pouvais chanter cela dans cette mise en scène. 

Que pouvez-vous dire de cette production dont vous commencez les répétitions ? Elle est en blanc, je suppose. 

Elle est majoritairement en blanc effectivement, avec des touches de noir et de rouge. Stefano Poda est un poète de l’image. Il développe une esthétique qui lui est propre. Le mouvement est presque toujours lent, « géologique » dirait-il. Il nous explique : « Est-ce que les montagnes bougent ? Oui. Est-ce qu’on les voit bouger ? Non ». Tout part d’un sentiment intérieur très fort, très nourri, chaque geste doit être absolument nécessaire. 
Les personnages sont semblables, tous en blanc à l’exception de la Nourrice vêtue de noir, le seul personnage qui soit ancré dans le présent. Nos maquillages sont identiques. Des danseuses et figurantes sont présentes, et sont peintes tout en noir dans l’acte 3, représentant ainsi nos âmes égarées depuis des années dans ce château. Ce que j’ai compris de l’intention de Stefano [Poda], c’est qu’Ariane part à la recherche des femmes de son passé ; c’est une sorte de quête intérieure. Nous jouons toutes les différentes figures de la vie antérieure d’Ariane. Toutes ces images sont comme perdues dans un labyrinthe mental, et physique (puisqu’il y a un labyrinthe sur scène, dans lequel il est difficile de ne pas se perdre effectivement). Les costumes sont aussi très contraignants. On peut à peine faire des mouvements, et nous sommes perchées sur de hauts talons. Nous sommes contraintes et devons avancer dans un labyrinthe de manière orthogonale. Nous sommes dans un inconfort permanent, ce qui nourrit le propos. La musique est elle-même assez difficile. La production est pour toutes ces raisons très exigeantes, mais dès lors passionnante et j’espère et pense très réussie. 

Quelles sont les difficultés ou défis du rôle ?

C’est la première fois que j’aborde un rôle aussi large. Il y a un orchestre énorme. Il s’agit de passer au-dessus de celui-ci sans trahir, ni forcer sa voix. C’est un rôle assez médium dans l’ensemble, mais avec des fulgurances dans l’aigu, très lyriques. Pascal Rophé est très attentif aux balances. Nous sommes quatre jeunes chanteuses dans ce répertoire, interprétant les quatre premières femmes de Barbe Bleue, et il veille sur nous pour éviter les imprudences éventuelles. Et il faut remercier Christophe Ghristi de nous faire ainsi confiance.

Dans l’opéra de Paul Dukas, Sélysette et ses compagnes refusent la liberté que leur propose Ariane. Comment comprenez-vous ce refus ? 

Le premier jour, Stefano nous a dit qu’on lui ressasse que c’est un opéra très actuel. Mais que ce n’est absolument pas son approche, ni son propos. On pourrait s’attendre à ce que cet opéra soit effectivement traité de manière féministe et dénonce l’avilissement de la femme à l’homme, sujet très actuel, mais son propos n’est pas là. Il se situe un autre niveau de lecture que celui-ci. 

Vous êtes une mezzo-soprano. Quels sont les rôles qui conviennent à la couleur de votre voix aujourd’hui ? 

Je vais vous dire ce que j’aime. J’aimerais faire la trilogie des Monteverdi : Messagiera, Ottavia, Penelope. Beaucoup de rôles haendelien (Ariodante, Dejanira…). Je vais chanter Pauline dans La Dame de Pique l’année prochaine à Nice. Didon de Purcell reste un de mes rôles favoris, qui m’a lancée, avec Vincent Dumestre. Il y aurait aussi Orphée de Gluck, Médée de Charpentier, chez Rossini il y a Rosina du BarbierCenerentola ou encore Olga dans Eugène Onéguine

Et Mozart, dans tout ça ? 

Oui, Mozart évidemment. Sesto, Cherubino, Dorabella… Mais ce sont des rôles que j’aimerais faire au diapason mozartien ? En 430, comme j’ai pu le faire avec René Jacobs à Royaumont. La plupart du temps, ils sont donnés avec un orchestre moderne et du coup ces rôles de mezzo deviennent des rôles de sopranos ! Et cela devient inconfortable pour ma voix. Mais dans quelques années, si ma voix évolue vers l’aigu, rien ne dit que ce ne sera pas possible. 
Dans les rôles à plus long terme, je rêve de chanter Carmen. Je vais d’ailleurs d’expérimenter ce rôle à Compiègne en mai prochain, dans la Tragédie de Carmen de Bizet-Constant-Brook dans une mise en scène de Florent Siaud. Cette version réduite est écrite pour un orchestre allégé. 
A plus long terme j’aimerais aussi beaucoup chanter des rôles de tragédiennes comme Lucretia dans Le Viol de Lucrèce de Britten. Et un de mes rôles de rêve, c’est Judith dans le Château de Barbe-Bleue. J’ai d’ailleurs chanté la moitié du rôle avec piano lors de mes études. Dans une décennie, je pourrais peut-être affronter l’orchestre.

Pourriez-vous définir ce que c’est que chanter pour vous ? Cela vous semble consubstantiel. 

C’est mon moyen d’expression. C’est plus facile pour moi d’exprimer ce que je ressens en chantant plutôt qu’en parlant. C’est la manière que j’ai trouvée d’exprimer tous mes sentiments. Je crois que la voix est le miroir de l’âme... c’est mon instrument, un vecteur d’émotion. C’est aussi un moyen d’épanouissement, de communication universelle et de partage. 

Et vous n’avez pas de préférence pour l’opéra ou le concert ? 

Je n’ai pas de préférence et j'ai besoin des deux pour m’épanouir. On a des émotions et des attentes différentes. A l’opéra, c’est le jeu. Au concert, ce que j’aime, c’est d’être dans une relation plus intime, une attention très forte au texte, un rapport plus direct avec le public. Dans un ensemble, le plaisir est de créer une harmonie à plusieurs. 

Dans vos projets immédiats, on a évoqué La Tragédie de Carmen au Théâtre Impérial de Compiègne en mai 2019, puis ce sera dans l’Orfeo de Monteverdi, L’Espérance et un berger, au TCE toujours en mai... en juillet le Dix Dominus de Haendel et Vivaldi avec les Arts Florissants...

Oui, Je fais aussi des concerts avec le Consort (1) au Festival du Forez, au Festival de Saint Guillem. Je donne le 23 avril à Rouen aussi les Kindertotenlieder et les Chants et danses de la mort de Moussorgski avec mon pianiste Romain Louveau. 
Et le Requiem de Mozart, ma première collaboration avec Laurence Equilbey, dans une mise en scène de Yoann Bourgeois. Je chante au Festival de Saint Denis en juin avec le Mahler Chamber Orchestra les Folk Songs de Berio. D’autres concerts sont à mon calendrier. La saison suivante est encore riche de projets, notamment des Nuits d’été de Berlioz. Et Cadmus et Hermione… 

Vous venez de sortir un CD intitulé. Venez chère ombre. Le Consort, créé par Justin Taylor. Récital de cantates françaises Œuvres de Louis Antoine Lefèbvre (mort en 1763). Philippe Courbois (mort vers 1730), Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737), Nicolas Clérambault (1676-1749). Comment s’est opéré le choix des œuvres et comment avez-vous conçu cet album d’œuvres rares ? 

C’est avec Justin Taylor, un incroyable claveciniste qui a gagné il y a quelques années le concours de Bruges et qui a déjà enregistré chez Alpha plusieurs récitals de clavecin et de piano forte, que nous avons opéré ce choix. Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années et nous avons eu un coup de foudre musical, il est depuis lors un grand ami et un partenaire privilégié. Il avait déjà monté le Consort et voulait ouvrir l’ensemble à la musique vocale. L’association s’est faite tout naturellement et l’harmonie règne entre nous tous. Le Consort et moi, chantons tous ensemble avec nos instruments. Ils portent le texte autant moi. Après trois ans de travail en commun notamment sur la Cantate Française, nous avons décidé de faire cet enregistrement. Je connaissais déjà des cantates, comme Léandre et Hero de Clérambault, mais Justin a redécouvert Lefebvre, dont nous avons enregistré des pages somptueuses : Andromède et l’extrait des Regrets qui donne son titre au disque « Venez chère ombre ». Nous avons de bons retours de ce disque qui est très bien accueilli.

Ce n’est pas tout à fait votre premier disque. Vous avez enregistré avec l’Ensemble Lunaris (un trio féminin de jeunes musiciennes composé d’Anaïs Bertrand mezzo, de vous-même et de Mélusine De Pas, Soprano et jouant de à la viole de gambe) un CD intitulé Exodes où la polyphonie médiévale dialoguait avec des œuvres contemporaines et du XXème siècle. Pourquoi ces choix musicaux ? 

Nous nous sommes rencontrées à la Maitrise de Notre-Dame de Paris il y a plus de 10 ans. C’était un disque de copines. Nous nous sommes appelé  Lunaris, car nous sommes toutes trois très lunaires, vraiment la tête dans la lune. Nous avons voulu créer des programmes pour notre formation atypique de trois voix et une viole de gambe en brassant toute l’histoire de la Musique Classique. 
Ce disque n’est malheureusement pas dans le commerce. Il a été autoproduit et nous n’avons pas de distributeur. J’essaie de le mettre sur des plateformes pour qu’il soit en écoute, mais je n’y arrive pas encore. Mais cela devrait arriver un jour c’est promis !

Je vous le souhaite, je nous le souhaite. Merci.

Merci à vous ! 

Jean Jordy

(1). Eva Zaïcik vient de sortir chez Alpha Classics un CD intitulé « Venez chère ombre » de cantates françaises avec Le Consort et le claveciniste Justin Taylor. La critique de cet album est à lire en suivant ce lien : 
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php?f=4&t=21502


Toutes les infos à propos de Eva Zaïcik sur: www.evazaicik.com